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DISCOURS DU PRESIDENT JEAN-PIERRE FABRE, PRESIDENT NATIONAL DE L’ANC A l’occasion de la fête nationale du 27 avril 2020
DISCOURS DU PRESIDENT JEAN-PIERRE FABRE, PRESIDENT NATIONAL DE L’ANC A l’occasion de la fête nationale du 27 avril 2020 – 26 avril 2020 DISCOURS 

DU PRESIDENT JEAN-PIERRE FABRE,  

PRESIDENT NATIONAL DE L’ANC  

A l’occasion de la fête nationale du 27 avril 2020  

(Lomé, le 26 avril 2020) 

 

Togolaises, Togolais,

Mes Chers Compatriotes,

Il y a 60 ans, le 27 avril 1960, grâce aux sacrifices et aux efforts conjugués de tous les Togolais, et dans la droite ligne de la victoire historique des patriotes aux élections générales en 1958, notre pays s’affranchissait de la tutelle coloniale, guidés par les valeurs de l’Ablodé, valeurs de liberté, de justice, de dignité, de progrès social et de prospérité partagée. Malheureusement, un coup d’arrêt a été porté, dès le 13 janvier 1963, à l’évolution harmonieuse du Togo, en le plongeant dans l’impasse et le chaos.

La réalisation des nobles objectifs visés s’est très tôt heurtée à des difficultés politiques liées à la mise en place d’une banque centrale togolaise, prélude à la création d’une monnaie nationale. La volonté de souveraineté de notre pays sur sa politique économique a coûté la vie au président Sylvanus Olympio.

La gouvernance et la vision des pères de l’indépendance et fondateurs de la nation togolaise sont réduites à néant pour faire place à une dictature militaire et clanique, qui s’est installée aux commandes de l’Etat et se maintient, dans la violence et la terreur, par la corruption, la fraude électorale, le pillage systématique des ressources nationales, les violations massives des droits de l’homme. Bref un renversement total des valeurs de l’Ablodé, marqué par le règne de l’arbitraire, du tribalisme et de l’injustice.

Commence alors une intense action de réécriture de l’histoire de notre pays, qui prive ainsi des générations entières, de la mémoire des faits ayant conduit le Togo à l’indépendance.

En effet, contrairement à la plupart des Etats décolonisés dans les années 1960, l’indépendance du Togo a été le fruit d’une longue lutte, faite de subtilité et de volonté affirmée de conquérir la liberté et la dignité pour les populations togolaises.

 

Mes chers compatriotes

L’heure est venue pour la jeunesse de notre pays de s’approprier l’histoire des pères de l’indépendance, en s’engageant résolument sur la voie conduisant à la transformation de notre pays en une nation libre, prospère, débarrassée du tribalisme. Une terre qui offre à chacun et à tous les mêmes chances de réussite.

Si le choix de certains jeunes de fuir le Togo peut se comprendre au regard de la déprime de la société togolaise, je leur réaffirme qu’il n’y a pas meilleur endroit que son pays pour vivre et s’épanouir. Il leur appartient de s’organiser pour défendre collectivement leur cause : le droit à l’éducation et à la formation, le droit à un emploi leur permettant de vivre et de vivre décemment. Ensemble, ils constituent un puissant mouvement. Qu’ils mettent leur énergie et leur intelligence dans la lutte pour un meilleur Togo.

Ce 60ème anniversaire de la commémoration de l’indépendance de notre pays est l’occasion de rendre hommage aux artisans, aux compagnons et à tous les martyrs de la lutte héroïque de libération nationale, de méditer sur leur parcours et de nous abreuver à la source de leur foi inébranlable, de leur courage exemplaire et de leurs sacrifices nobles et généreux.

Nous saluons également la mémoire de tous ceux et de toutes celles qui ont donné leur vie au cours de ces années de dictature, pour que le Togo retrouve sa dignité. Nous exprimons notre compassion et notre solidarité à tous nos compatriotes blessés dans leur chair, meurtris dans leur âme, injustement arrêtés, détenus, contraints à l’exil ou à la clandestinité.

Nous saluons enfin, le courage et la détermination des forces vives de notre pays qui, ‘’cultivant vertu, vaillance’’ poursuivent avec rigueur, discipline et persévérance, notre noble lutte contre l’oppression, au moment où le discours ambiant exalte la résignation voire la démission devant l’effort, tente de remettre en cause l’existence des partis politiques et d’anéantir la flamme du militantisme politique.

 

Togolaises, Togolais,

Mes chers compatriotes

Nous devons poursuivre cette lutte pour sortir notre pays de l’impasse. Pour que le Togo sorte enfin de la paralysie qui procède de la main mise d’une minorité sur le pays, une minorité qui utilise l’appareil d’Etat pour conserver le pouvoir, appauvrir les populations et bloquer toute possibilité d’alternance.

Malgré les perspectives de changement ouvertes par la Conférence Nationale Souveraine, depuis près de trente ans, notre pays est demeuré dans un cycle de crises politiques incessantes, marquées par des violences inouïes contre les populations, transformant les aspirations au changement en un cauchemar sans fin.

 

Mes chers compatriotes,

Notre pays vient de connaître une élection présidentielle, identique aux autres, avec son lot d’achats de conscience, de violences de toutes sortes sur les populations, de bourrages d’urnes et de falsifications de procès-verbaux, toutes choses qui ont conduit l’ANC à rejeter les résultats fantaisistes proclamés par la CENI et la Cour Constitutionnelle.

 

Mes chers compatriotes,

Nous ne devons pas considérer comme une fatalité ce qui arrive après chaque élection au Togo, comme en 1998, en 2003, en 2005, en 2010, en 2015.

L’illusion de changement proclamé par Monsieur Faure Gnassingbé n’a pas résisté à l’épreuve des faits. Comme pour confirmer que son pouvoir n’est que le continuateur du système instauré par son père, les mêmes méthodes inquisitoriales d’enquête, les procédures judiciaires arbitraires demeurent, mettant ainsi les hommes et les femmes de notre pays en état d’insécurité juridique et judiciaire permanente.

C’est pour moi, l’occasion d’insister une fois encore sur le respect des principes de l’État de droit, protecteur de tous.

Je demande le retour et la garantie de sécurité pour ceux qui sont encore contraints de vivre loin de leur pays, la libération de tous ceux qui sont encore en détention dans les prisons togolaises pour troubles à l’ordre public, pour des personnes injustement accusées dans divers dossiers imaginaires et la fin de toutes les procédures volontairement laissées en suspens par le régime.

Tous les citoyens ont droit au respect et à la protection de leurs droits, consacrés par la Constitution togolaise et les engagements internationaux de l’Etat togolais.

C’est pourquoi, nous avons l’impérieux devoir de combattre de toutes nos forces l’arbitraire qui rend difficile la vie de nombreux citoyens engagés dans la défense de leurs droits et pour la démocratie.

Nous ne pouvons pas accepter que se perpétue l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques.

Je demande qu’il soit mis fin à la procédure mal fondée, engagée contre Monsieur Agbéyomé Messan Kodjo et toutes les autres personnes citées dans la crise post-électorale actuelle.

Il faut que cessent tous ces abus : déni de droit et abus de pouvoir auxquels nous assistons tous les jours dans notre pays.

 

Togolaises, Togolais,

Mes chers compatriotes,

Je crois que l’heure est venue pour qu’ensemble, dans un sursaut patriotique, toutes les filles et tous les fils de notre cher pays puissent se mettre autour d’une même table, pour parvenir à un compromis historique, qui permettra au Togo de redémarrer et de réorganiser sa vie politique, sociale et économique sur des bases nouvelles. C’est la seule façon de saluer la mémoire de tous ceux qui ont donné leurs vies pour que le Togo soit libre.

Notre pays doit devenir une terre de vie heureuse pour tous ses enfants.

Je vous invite à refuser le découragement, à rester mobilisés pour continuer la lutte pour la démocratie et le bien-être. Notre détermination est notre arme pour obtenir les changements auxquels se refuse le pouvoir, mais qui seuls permettront de sauver le Togo, la terre de nos aïeux.

Je souhaite que nous prenions soin de notre santé en respectant scrupuleusement les gestes-barrières recommandés par les autorités sanitaires. C’est ainsi que nous pouvons nous prémunir contre ce redoutable virus, COVID-19, qui sème la mort dans le monde et ici au Togo. Protégeons-nous pour préserver notre pays.

Je me tourne vers les autorités togolaises, pour leur demander de faire cesser immédiatement, les actes de violences exercés par les éléments des forces de l’ordre, lors des couvres feu, entraînant des pertes en vies humaines. J’exprime ma sympathie aux blessés et mes condoléances aux familles affligées. Nous devons être unanimes à exiger que les auteurs soient effectivement recherchés, arrêtés et mis à la disposition de la justice pour être jugés et punis à la hauteur de leurs actes. Il est insupportable et inadmissible que nos compatriotes perdent la vie dans de simples opérations de sécurité sanitaire.

 

Togolaises, Togolais

Mes chers compatriotes

A vous toutes et à vous tous, je souhaite une bonne fête de l’indépendance !

Que Dieu Tout-Puissant vous bénisse

Qu’Il bénisse et protège notre cher pays le Togo !

Ablodé, Ablodé, Ablodé Gbadja !

 

Fait à Lomé, le 26 avril 2020

Le Président National de l’ANC

Jean-Pierre FABRE


Article publié le vendredi 1 mai 2020
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